Histoire de la marque, réflexions autour du plan de ville, cartographie et urbanisme poétique.
23/07/2025
La carte de Cassini est la première carte topographique couvrant l’ensemble du royaume de France avec une grande précision. Conçue au XVIIIᵉ siècle, elle constitue la première tentative de recensement géographique exhaustif de la France.
Initié début 1680 par l’Académie des sciences à la demande de Louis XIV, il a été réalisé au 18ᵉ siècle par la famille de Jean Dominique Cassini directeur de l’ Observatoire de Paris, et ancêtre d’une lignée d’astronomes et de cartographes d’origine italienne installée en France. Les premières feuilles sont publiées en 1756 et les travaux dureront jusque début 19ᵉ.
L’idée d’une cartographie détaillée naît sous le règne de Louis XV, qui commande une carte rigoureuse pour mieux administrer le territoire. Ce travail est confié à César-François Cassini de Thury, dit Cassini III, qui poursuit l’œuvre initiée par son père et son grand-père.
Cassini utilise une méthode révolutionnaire pour l’époque : la triangulation géodésique. Plutôt que de s’appuyer uniquement sur des observations visuelles, il établit un réseau de triangles géométriques entre des points de repère fixes (clochers, collines, tours). Cette technique permet d’obtenir une précision inégalée pour l’époque.
Le plan de Cassini, aussi appelé Carte de l’Académie, se compose de 181 feuilles gravées au 1/86400ᵉ (1 cm correspondant à 864m sur le terrain). On y voit :
Un relief suggéré par des hachures (sans courbes de niveau, qui apparaîtront plus tard).
La représentation des villages, routes, rivières, forêts et châteaux avec des détails remarquables.
Un système de symboles précis pour différencier les types d’habitations et de terrains.
Achevé en 1789, juste avant la Révolution, le plan de Cassini devient la première carte officielle de la France. Il influence durablement la cartographie moderne et reste une source précieuse pour les historiens et les géographes. Aujourd’hui, il est souvent consulté pour comparer les évolutions du paysage français depuis le XVIIIᵉ siècle.
Ne figurent pas sur les feuilles la Corse, rattachée à la France en 1816, ni le Comté de Nice et le Duché de Savoie, rattachés eux en 1860.
Fun fact : Si l’on devait rassembler les 181 feuilles qui constituent le plan, on obtiendrait un ensemble monumental de 11m de large sur 12m de haut. Il est conservé au département des Cartes et plans de la Bnf.
En somme, l’héritage du plan de Cassini illustre parfaitement la mutation qu’a connue la cartographie, passant d’un art scientifique minutieux à une pratique résolument tournée vers la modernité : au fil des siècles, les formes de représentation se sont multipliées, tantôt strictement géométriques, tantôt colorées d’interprétations plus libres, reflétant la personnalité et la sensibilité de chaque auteur.
Aujourd’hui, la carte n’est plus seulement un outil utilitaire : elle se déploie en une infinité de graphismes, parfois poussés jusqu’à l’abstraction, où l’on reconnaît autant l’idée d’une représentation du terrain que la poésie d’une vision artistique.
Ainsi, des triangles géodésiques de Cassini aux œuvres contemporaines, la cartographie demeure un terrain d’expérimentation sans limite, ouvrant sans cesse de nouveaux horizons visuels et conceptuels.
Crédits images : Source gallica.bnf.fr / BnF